Interview Ouest France - Nelly Poidevin Archetière à Dinan

Nelly Poidevin recrée des archets du Moyen-Âge

« Contrairement au violon, qui n’a finalement guère évolué depuis ses débuts à la Renaissance, l’archet s’est constamment transformé au cours des derniers siècles ! » Les archives, livrets techniques et surtout peintures d’époque en témoignent. C’est dans ce créneau que s’est glissée la dinannaise Nelly Poidevin, luthière mais, plus précisément donc, archetière.

Des archets d’époque

L’archetière a désormais à son catalogue une centaine d’archets. Résultats de multiples recherches dans des musées des principales capitales européennes, « mais aussi grâce aux relevés sur les quelques archets anciens qui ont été conservés ». Des archets qu’elle expédie en France bien sûr, mais aussi en Europe, aux États-Unis et au Japon. « Certains musiciens passionnés veulent être au plus près dela musique ancienne qu’ils interprètent et jouer avec un archet d’époque. »

Comment devient-on archetier ? « En France, le seul atelier de formation, à Mirecourt, a aujourd’hui disparu. Dommage car l’école française d’archets avait pourtant la cote dans le monde entier. Moi j’ai appris le métier auprès de Jean Grunberger, qui avait fabriqué l’archet de ma contrebasse. Et puis j’ai travaillé dans un atelier parisien avant de venir m’installer à Dinan. »

Symphonie de bois

Quant à sa spécialisation dans les archets anciens, elle a pour départ une allergie qui a failli lui coûter sa carrière. « Depuis le XVIIIe siècle, les archets modernes sont fabriqués à partir d’un arbre brésilien, le pernambouc. Son bois est aussi connu pour la teinture qu’on en tire, un rouge de braise, d’où vient d’ailleurs le nom du pays, Brasil. Mais, à cause d’une allergie à ce bois, j’ai dû abandonner la fabrication des archets modernes… »

Quels bois utilise-t-elle aujourd’hui ? « Ceux des archets anciens. On les connaît grâce aux archives des successions des luthiers de l’époque après leur décès. » Depuis, elle court pour trouver bois de cormier, de cornouiller ou de pistachier de la garrigue.

Samedi 13 novembre, à 14 h 30 : Nelly Poidevin proposera une conférence, au Crec. Elle y sera accompagnée de Nicolas Sansarlat, musicien spécialisé en musiques anciennes.