Modèle le plus répandu jusqu’au XIIe siècle, cet archet est très souvent représenté sur les sculptures romanes en France et en Espagne. Il y est court, assez gros, de section carrée et très souvent orné d’une boule à l’extrémité. S’agissait-il d’un dispositif pour maintenir le crin ou pour modifier le poids et l’équilibre de l’archet ? Baguette en if. XIIe siècle, Vieillards de l’Apocalypse Dans les enluminures et sur certaines sculptures des XIIe et XIIIe siècles, l’archet en faucille est plus long, plus fin et de section ronde. Pour garder assez de fermeté à la baguette, un bois plus dense et rigide est choisi (chêne vert, cytise, cornouiller mâle). La tension de la mèche est réalisée grâce à un bonnet turc. La boule n’a plus ici qu’un rôle d’équilibre. En ajoutant du poids au talon, elle abaisse le centre de gravité et réduit l’instabilité d’une baguette très convexe. Cf à ce sujet l’article Les premiers archets à travers l’iconographie paru dans Musique et technique n° 4. Eglise Saint-Georges de Bransat (Allier) Sur bon nombre d’enluminures et sur certaines sculptures on voit nettement des têtes d’animaux qui ornementent la pointe, plus rarement la poignée. Cette tête de chien est une proposition parmi d’autres. Ces décorations peuvent être exécutées sur différents modèles puisqu’on les retrouve représentées jusqu’au XVe siècle Bible du Panthéon, Rome, bib. Apostolica Vaticana, ms ;latin. 12958, f.186v Ce modèle, très commun aux XIIe et XIIIe siècles, se caractérise par une baguette droite sur les trois quarts de sa longueur qui s’incurve dans le quart supérieur. Cet archet en forme de crosse se retrouve tant dans un contexte profane que religieux. Il est joué sur la vièle piriforme au XIIe, la vièle ovale au XIIIe et, à cheval sur ces deux siècles, il semble le plus adapté à la vièle en 8, seule vièle jouée non pas à l’épaule mais verticalement entre les genoux. La tenue de l’archet sur cet instrument est très spécifique : la baguette n’est pas prise par-dessus, mais l’avant-bras effectue une rotation externe et la main saisit la poignée par-dessous. La pression semble donnée entre le pouce et l’auriculaire. Cf à ce sujet l’article Les premiers archets à travers l’iconographie paru dans Musique et technique n° 4. Alfonso psalter (c.1284-1316) British Library, Add ms24686, f017v Bible de Montiéramey (1175-1200) Psaume 38, Troyes, Bibliothèque , ms 28, f23v Cet archet très long et très convexe présente également une courbe déportée vers l’avant qui lui confère stabilité et précision. Des bois de résineux sont utilisés pour ces archets relativement légers. L’if apporte souplesse et rondeur, le mélèze accentue la définition de l’attaque. Psautier glosé de Canterbury, Psaume 32, fin du XIIe siècle Il s’agit ici d’une reconstitution de l’archet du Roi à la vièle en huit figurant sur une peinture murale de la Cathédrale de Chartres. Cette représentation est caractéristique de bien des illustrations de cet instrument dont la pratique est attestée aux XIIe et XIIIe siècles. L’archet est très long et très gros par rapport à la taille de la vièle. Un détail bien visible sur la fresque et corroborée par de nombreuses enluminures révèle que la mèche se divise en deux faisceaux de crin parallèles. Les crins ayant tendance à s’agglomérer quand ils sont simplement liés, ils ne forment pas naturellement une mèche plate ; la présence de deux mèches donne une sensation de largeur et de stabilité. Les bois utilisés sont le cormier ou l’alisier. La tension de la mèche est réalisée grâce à un coin mobile retenu par un bonnet turc. Cf La reconstitution des archets du jongleur et de la vièle en huit dans « L’Instrumentarium du Moyen Âge. La restitution du son », dir Welleda Muller, ed. L’Harmattan La rose du Roi David à la vièle en huit, 1200-1235 Ce modèle présente lui aussi une courbe dont le point le plus haut se situe vers la pointe. Le reste de la baguette s’incurve en descendant vers le point de contact avec le crin et remonte ensuite sur la longueur de la poignée. La ligne ondule donc comme un S. Cette forme se retrouve du XIIIe au XVe siècle. Des bois denses sont choisis pour ce modèle : le pistachier pour sa souplesse et sa rondeur, le cytise pour sa précision et son timbre riche en harmoniques. A mi-chemin, le prunier, un peu plus léger, apporte un son chaud et bien défini. La tension de la mèche est réalisée grâce à un bonnet turc. Epistolier à l’usage de Cambrai, 1266 Cet archet, spécialement créé pour accompagner la vièle du jongleur de la Cathédrale de Chartres, a lui aussi une forme en S. Sa courbure dans la partie supérieure est forte et s’achève abruptement à la pointe. La poignée assez forte est octogonale. Ce type d’archet court, avec sa courbe caractéristique, se retrouve du XIIIe au XVe siècle. Le bois utilisé est le cytise. Cf La reconstitution des archets du jongleur et de la vièle en huit dans l’instrumentarium du Moyen Âge. La restitution du son, dir Welleda Muller, ed. L’Harmattan Evangéliaire romain, 1320-30 Au XIVe siècle, on voit apparaître des archets dont la mèche est surélevée par un talon réservé dans la baguette. Bien que l’iconographie nous montre cet archet encore saisi par la poignée, le musicien contemporain trouvera plus d’aise à placer le pouce sur le talon, comme sur une hausse. Les deux bois utilisés de préférence pour ce modèle sont le mûrier et le cytise. Tous deux définissent très bien le son et ont un timbre riche. Le mûrier est un peu plus léger que le cytise. La tension de la mèche est obtenue par un lacet maintenu par un bonnet turc The Decretals of Gregory IX, edited by Raymund of Penyafor, (1300-1340) Au cours du XIVe siècle, les archets s’affinent considérablement. On constate qu’ils ne sont plus empoignés avec autant de vigueur qu’auparavant mais qu’ils sont tenus plus délicatement. Les baguettes sont souvent moins convexes. Pour obtenir qu’une baguette aussi fine ne se cambre pas sous la tension du crin, il faut utiliser un bois dense et ferme. Le cormier est particulièrement approprié. Son timbre est clair et lumineux et possède néanmoins une belle profondeur dans le grave. J’utilise également le cyprès, qui est beaucoup plus léger, mais dont la fermeté permet une bonne assise sur la corde, avec un son rond et précis. La tension du crin est obtenue par un lacet maintenu par un bonnet turc. Bartolo di Fredi Battilore, Le Couronnement de la Vierge (1388) À la fin du XVe siècle, on voit nettement que le talon qui surélève la mèche est devenue une pièce mobile, ajustée sur la baguette à l’avant et retenue par les crins à l’arrière. C’est le début du système de la hausse coincée qui va perdurer jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. À la pointe, les crins sont ligaturés après être passés à travers un trou percé dans la baguette. Ce procédé se propage au cours du XVe siècle et se généralisera à tous les instruments jusqu’à l’arrivée de la tête au début du XVIIe siècle. Avec ce modèle on entre donc dans la Renaissance. La baguette fine reste droite sur les trois quarts de sa longueur puis descend régulièrement vers la pointe. Encore une fois le cormier est préféré pour sa bonne tenue, sa précision et son timbre lumineux. Trois hausses de hauteur différentes permettent de régler la tension du crin en fonction de l’hygrométrie. Matteo di Giovanni, L’Ascension de la Vierge (1474) Descendante directe de la vièle, la lira da braccio a bénéficié des avancées de la facture d’archets de la fin du XVe siècle. Le jeu en accords associé à cet instrument requiert une bonne longueur de mèche et de la souplesse. Cela justifie la grande taille et la finesse de la plupart des archets représentés. Cf à ce sujet l’article Les premiers archets à travers l’iconographie paru dans Musique et technique n° 4. Benedetto Montagna, 1505 Vierge à l’Enfant avec Saints (1505) Le tableau de Pietro Grammorseo nous donne à voir un magnifique archet, assez sophistiqué avec son extrémité tournée au talon, sa forme « en crosse » et son système d’accroche du crin à la pointe grâce à un cabochon. Ce dispositif, assez largement représenté sur les archets de la Renaissance, consiste en une pièce tournée, en bois ou en os, ajustée à l’extrémité de la baguette et dans laquelle est insérée la mèche. La baguette est en cytise. La longueur totale de l’archet est de 75 cm. Pietro Grammorseo, La Madone de Turin, 1523-1533 Copie d’un archet se trouvant dans les mains d’un ange musicien à la tribune d’orgue de la cathédrale de Ségovie, cet archet a véritablement trouvé sa fonction sur un rebec. La baguette de section carrée est en cytise. Francesco Marcmitta, La Vierge et l’Enfant entourés de Saint Benoît et Saint Quentin, et deux anges, vers 1500-1505 Descendant direct des archets de vièle romane, ce modèle est encore très représenté au XVIe siècle. La forme en faucille permet une position basse de la main par rapport à la partie arquée. L’archet est ici doté d’une hausse qui permet de tendre la mèche plus facilement La baguette ronde est en cormier. Vittore Crivelli (v.1440-v.1502) Vierge à l’Enfant Contrairement aux deux précédents modèles, cet archet présente une distance constante entre la baguette et la mèche sur les trois quarts de sa longueur. La baguette ronde est en cormier blond. Moins lourd que le cormier rouge, le cormier blond est aussi plus souple et permet d’éviter une trop grande rigidité à cet archet très court Eusebio di Jacopo da San Giorgio, (c1470-c1540), L’adoration des Mages (1503) Comme sur le modèle précédent, la baguette, plus longue et plus fine, reste droite sur les trois quarts de sa longueur puis descend régulièrement vers la pointe. Le cormier rouge qui est choisi ici est plus dense et ferme que le blond mais il garde son timbre à la fois lumineux et profond. Lorenzo Lotto, La Vierge et l’Enfant avec Saint Grégoire, Saint Dominique et Saint Urbain, 1508 La longueur de la mèche est beaucoup plus importante sur ce modèle. La baguette est régulièrement convexe, à part un léger coude peu après la hausse, détail que l’on remarque dans plusieurs représentations. La baguette ronde est en cormier. Trois hausses de hauteur différentes permettent de régler la tension du crin en fonction de l’hygrométrie. Marcello Fogolino, La Vierge et l’Enfant et deux anges musiciens, v.1510Archet de vièle roman
Réf. Viel1Archet de vièle décoré
Réf. Viel3Archet de vièle en crosse long
Réf. Viel5Gros archet de vièle en huit
Réf. Viel6Archet de vièle en S
Réf. Viel7Archet de vièle du jongleur
Réf. Viel8Archet de vièle à talon réservé
Réf. Viel9Archet de vièle long à talon réservé
Réf. Viel10Archet de vièle tardive
Réf. Viel11Archet de lira da braccio
Réf. Lir1Archet de lira da braccio à cabochon
Réf. Lir2Archet de rebec de section carrée
Réf. Reb1Archet de rebec en forme de faucille
Réf. Reb2Archet de rebec droit court
Réf. Reb3Archet de rebec droit long
Réf. Reb4Archet de rebec convexe long
Réf. Reb5Archet de vièle roman
Réf. Viel1
Longueur de baguette : 56 cm
Longueur de mèche :40 cm
Poids : 72-78 g
Burgos, église d’Ahedo de ButronArchet de vièle en faucille des XIIe et XIIIe siècles
Réf. Viel2
Longueur de baguette : 67 cm
Longueur de mèche :52 cm
Poids : 62-68 gArchet de vièle décoré
Réf. Viel3Archet de vièle en crosse des XIIe et XIIIe siècles
Réf. Viel4
Les bois utilisés pour ce modèle sont denses : cornouiller, cytise ou cormier. Le coin bloqué sous le bonnet turc coulisse et permet de tendre la mèche.
Longueur de baguette : 73-77 cm
Longueur de mèche :55-58 cm
Poids : 78-85 gArchet de vièle en crosse long
Réf. Viel5
La tension de la mèche est obtenue grâce à un coin mobile retenu par un bonnet turc.
Longueur de baguette : 86 cm
Longueur de mèche :65 cm
Poids : 60-65 g
Paris, Bibliothèque Nationale de France, ms. Latin 8846 f54vGros archet de vièle en huit
Réf. Viel6
Longueur de baguette : 86 cm
Longueur de mèche :66 cm
Poids : 120-150 g
Cathédrale Notre-Dame de Chartres, peinture muraleArchet de vièle en S
Réf. Viel7
Longueur de baguette : 76 cm
Longueur de mèche :55 cm
Poids : 72-80 g
Bibliothèque municipale de Cambrai, ms. 0190, f076vArchet de vièle du jongleur
Réf. Viel8
Longueur de baguette : 72 cm
Longueur de mèche :55 cm
Poids : 80 g
Avignon, BM ms.0023, f162Archet de vièle à talon réservé
Réf. Viel9
Longueur de baguette : 78 cm
Longueur de mèche :59 cm
Poids : 70-75 g
British Library , ms 10E IV, f71rArchet de vièle long à talon réservé
Réf. Viel10
Longueur de baguette : 81 cm
Longueur de mèche :63 cm
Poids : 55-72 g
Montalcino, Museo civico e diocesano d’arte SacraArchet de vièle tardive
Réf. Viel11
Longueur de baguette : 78 cm
Longueur de mèche :63 cm
Poids : 65-75 g
Londres, National GalleryArchet de lira da braccio
Réf. Lir1
Baguette en cormier. Trois hausses de hauteur différentes permettent de régler la tension du crin en fonction de l’hygrométrie.
Longueur de baguette : 78 cm
Longueur de mèche :63 cm
Poids : 65-75 g
Milano, Pinacoteca BreraArchet de lira da braccio à cabochon
Réf. Lir2
Longueur de baguette : 69 cm
Longueur de mèche :62 cm
Poids : 65-70 g
Turin, Galleria SabaudaArchet de rebec de section carrée
Réf. Reb1
Longueur de baguette : 52 cm
Longueur de mèche :41 cm
Poids : 52-56 g
Paris, LouvreArchet de rebec en forme de faucille
Réf. Reb2
Longueur de baguette : 52,5 cm
Longueur de mèche :41 cm
Poids : 44-50 g
Falerone, église de San FortunatoArchet de rebec droit court
Réf. Reb3
Longueur de baguette : 50 cm
Longueur de mèche :41 cm
Poids : 37-42 g
Pérouse, Galleria Nazionale UmbriaArchet de rebec droit long
Réf. Reb4
Longueur de baguette : 59 cm
Longueur de mèche :47 cm
Poids : 48-50 g
Recanati, Pinacoteca ComunaleArchet de rebec convexe long
Réf. Reb5
Longueur de baguette : 65 cm
Longueur de mèche :55,5 cm
Poids : 48-50 g
Milan, Museo Poldi Pezzoli
Descriptif iconographique :
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