La connaissance des archets anciens repose, pour une part, sur l’étude des spécimens conservés dans les collections historiques.
Mais, comme les originaux antérieurs au XVIIIe siècle sont très rares, l’archetier doit se tourner vers d’autres sources. Les informations sur ces archets précoces sont à chercher essentiellement dans l’iconographie.
Au XVIe et au XVIIe siècles, elle est fort heureusement réaliste et les renseignements qu’on peut en tirer sont corroborés par de multiples écrits : des traités sur les instruments, des méthodes d’apprentissage et des compositions qui donnent une idée de l’esthétique sonore recherchée.
En revanche pour le Moyen Âge on ne peut pas s’appuyer sur des sources écrites : on a très peu de traités sur les instruments et même aucune composition spécifiquement destinée à un instrument à archet. Les représentations visuelles cependant sont nombreuses, mais elles sont difficiles à exploiter. La sculpture, qui est une riche source d’informations pour les luthiers, renseigne assez peu sur les archets. Trop longs et trop fins pour être représentés en pierre, ils sont souvent cassés ou simplement absents.
On tire donc parti essentiellement des enluminures, même si leur analyse exige de la prudence. Ces miniatures sont assez stylisées. Elles suggèrent plus qu’elles ne décrivent. Toutefois il faut s’en imprégner et ne pas négliger les images qui paraissent à priori fantaisistes.
Une approche superficielle des sources picturales conduit souvent à rejeter les représentations les plus surprenantes et à les considérer comme des extravagances de l’artiste. Mais un examen attentif d’un grand nombre d’illustrations dévoile progressivement des récurrences de formes, de détails. Et bien souvent il émerge de ces répétitions une classification qui, si elle peut être reliée à une évolution organologique ou musicale, justifie pleinement la fiabilité du matériel iconographique.